Cette semaine, ce sera plutôt une grande lecture. Avec ses 780 pages, ce roman aura le mérite de faire passer le confinement... 😄
Reprendre Tourville 13 ans après sa sortie officielle, c'est se rendre compte que le monde était déjà écrit.
Nous suivons Jean-Louis, désabusé de Paris, qui revient dans sa province natale. Imaginez, un peu loser, vous revenez dans la ville où vous avez passez votre adolescence. Déjà, il y a un arrière-goût de retour en arrière, de retour au point de départ... Il retrouve sa bande de potes, les quartiers dans lesquels il traînait, les soirées fumettes...
L'ami qu'il venait rejoindre dans cette bourgade du Nord n'est pas là, Jean-Louis se lance à sa recherche. C'est là que démarre l'enquête à la manière d'un gonzo reportage à travers cette ville mise en bouteille.
Derrière sa caméra, on retrouve le début de la téléréalité, du film fait maison, de la diffusion et de la rediffusion d'extraits télé, de l'auto-promotion, de la vidéo-surveillance... Alors imaginez s'il avait eu un smartphone collé à la main à l'époque !
Dans cette ville confinée, de laquelle Jean-Louis ne peut plus sortir, on découvre les travers du confinement, de la folie, de l'hystérie collective, de la corruption et des manigances politiques. L'enfermement mène jusqu'à la violence et l'horreur.
Avec une écriture saccadée et épileptique, autant addictive que repoussante, Alex D. Jestaire nous emmène dans cette ambiance de fin du monde hypnotique.
Digne successeur d'auteurs comme Hunter S. Thomson (Las Vegas Parano) ou Irvine Welsh (Trainspotting), Jestaire témoignait déjà du pouvoir de l'image... qui ne nous quitte plus aujourd'hui et que tout le monde s'est approprié.
Belle performance ! A lire avec beaucoup de recul !
Après ce premier roman inoubliable, Alex D. Jestaire a publié la série Les contes du Soleil noir aux éditions Au diable vauvert.
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